L’eau offre aux espèces de quoi se nourrir, se déplacer, respirer, se reproduire… on dit que par rapport aux espèces qui vivent dans l’air, les espèces aquatiques sont plus stables. L’eau leur confère un environnement protégé, que l’on estime moins exposé aux variations. Mais, comme tous les éléments, la qualité de l’eau d’une rivière peut être modifiée par de nombreux phénomènes, naturels ou non qui peut amener à une amélioration ou une détérioration des cours d’eau et engendrer une apparition ou une disparition d’un écosystème entier.
Les rivières forment un écosystème dynamique qui présente une succession d’habitats dans l’espace. Chaque habitat abrite des espèces différentes adaptées aux conditions de courant, de profondeur, de nature du substrat et de granulométrie, ainsi que des conditions de végétation. Les espèces de macrophytes (plantes aquatiques), de poissons et d’invertébrés sont donc différentes en amont et à l’aval du cours d’eau. Certains habitats qui font partie de l’écosystème rivière sont en partie terrestres, comme les ripisylves (forêts en bordure de rivière) ou les bancs alluvionnaires et peuvent abriter de nombreuses espèces, différentes de celles présentes dans la rivière elle-même.
Le long des cours d’eau, on retrouve également de nombreux milieux humides, ce sont ces zones où l’eau est présente en surface et/ou dans les sols au moins une partie de l’année. Cette eau peut être apportée par des pluies, un cours d’eau, ou provenir d’une nappe souterraine. Dans notre région, ce sont les zones de sources, les prairies humides, les mares, les queues d’étang et les forêts alluviales ou ripisylves.
Tous ces milieux sont des lieux indispensables à de nombreuses espèces animales, végétales ou de champignons, qui y accomplissent tout ou partie de leur cycle de vie.
Qui se cache dans les rivières et milieux humides de notre territoire ?
Poissons
En France, on dénombre 69 espèces autochtones, parmi elle, 1 sur 5 sont aujourd’hui menacées de disparition par la dégradation et la disparition des milieux naturels qui leur sont indispensables. C’est par exemple le cas de l’Anguille européenne en danger critique, du saumon atlantique et du brochet classées comme vulnérables.
Sur le territoire du SIBCCA, les peuplements sont dégradés du fait de la dégradation des milieux aquatiques mais l’on retrouve encore des espèces inféodées aux petits cours d’eau de plaine.
Le Brochet (Esox lucius):
Espèce emblématique, il est le plus grand carnassier natif des eaux douces françaises. C’est une espèce privilégiant les zones d’eau claire à végétation dense, telles que des plans d’eau peu profonds ou des cours d’eau à méandres. Espèce sensible aux crues et exigeante sur la qualité du milieu, le Brochet régresse dans de nombreux cours d’eau en raison de l’assèchement des zones humides, nécessaires à sa reproduction et à la croissance de ses jeunes. Pour assurer sa descendance, il affectionne en effet les prairies inondées, les marais et les bras morts des rivières, où le niveau des eaux se maintient pendant au moins 40 jours consécutifs lors des crues.
Le Chabot (Cottus gobio) :
Les anglais l’appellent le poisson tête de Taureau ! C’est un petit poisson qui ne dépasse pas les 15cm. Il possède une grosse tête démesurée pour son petit corps, des lèvres épaisses et deux nageoires pectorales en forme d’éventail qui le rendent facilement identifiable. Il affectionne les cours d’eau froid, rapide, bien oxygéné et peu profond. Le chabot vit caché dans le fond des ruisseaux, au milieu des pierres car il ne possède pas de vessie natatoire (poche remplie d’air permettant aux poissons de flotter). Mauvais nageur, il bouge peu et quand il le fait, il effectue des petits bonds rapides. Ce petit carnivore se nourrit les animaux de fond des ruisseaux : mollusques, vers, larves d’insectes, œufs et alevins. Il chasse principalement la nuit, sa technique de pêche est l’aspiration des proies qui passent à sa portée. Le chabot passe ses journées tapi au milieu des pierres dont il peut prendre la teinte (gris, marron clair, marron foncé). En assombrissant ou éclaircissant ses écailles, le chabot se confond très bien avec le fond des cours d’eau. On appelle ce phénomène l’homochromie.
Le Saviez-vous : Le « papa chabot » est tellement occupé à ventiler ses œufs pour les oxygéner, qu’il peut parfois oublier de se nourrir. De ce fait, lorsqu’il est affamé, il peut lui arriver d’engloutir les œufs ou alevins qu’il protégeait (ses petits)! ! !
Amphibiens et reptiles
Les amphibiens, qui reproupent les tritons, salamandres, crapauds, rainettes et grenouilles, sont inféodés aux milieux aquatiques. Même si la plupart des espèces préfère les eaux stagnantes (mares, étangs, etc…) on peut retrouver certaines espèces dans des milieux d’eau courante comme la salamandre qui vit dans les ruisseaux en forêt de feuillus, ou dans les annexes hydrauliques comme le crapaud calamites, grenouille agile ou rainettes.
Parmi les reptiles, la couleuvre à collier et la couleuvre vipérine affectionnent également les bord de rivières. Ces deux espèces se nourrissent notamment de poissons, œufs, larves et adultes d’amphibiens.
Le saviez vous ?
Etymologiquement, amphibien vient du grec amphibios qui signifie double vie : ils ont une vie larvaire aquatique et une vie adulte terrestre. Ces sont les premiers vertébrés à avoir tenté et réussi l’aventure hors de l’eau il y a quelques 350 millions d’année… on leur doit tout !
Les Crustacés
Ces animaux ont un rôle important pour l’écosystème aquatiques puisqu’ils constituent une source de nourriture pour de nombreux poissons mais vont également filtrer l’eau.
Parmi les espèces les plus connues, on compte les écrevisses. En France, seule trois espèces sont naturellement présentes, dont une seule tès localisée sur notre territoire. Plusieurs espèces introduites envahissent depuis de nombreuses années les rivières de nos bassins versants.
Au delà des écrevisses, il existe des centaines d’espèces de crustacée, souvent microscopique, comme les copépodes ou les amphipodes.
Le Gammare, vous connaissez ? C’est cette petite crevette d’eau douce que l’on retrouve par centaines dans nos rivières, et bien c’est un crutacée !!!
Les Oiseaux
Le temps d’une halte pour certains, le temps d’un hiver pour les uns, le temps d’un été pour les autres, le temps d’une vie pour beaucoup, les rivières accueillent au fil des saisons de nombreuses espèces d’oiseaux. Certains vont venir y pêcher des poissons comme le Martin pêcheur, l’aigrette garzette et le héron cendré, d’autres vont privilégier les graines, végétaux aquatiques et racines comme le canard colvert ou la foulque macroule, ou d’autres encore se régalerons avec les vers, mollusques, crustacés et insectes tel que les limicoles, bergeronnettes et autres petits passereaux.
Certaines espèces trouvent également leur habitat de prédilection dans les milieux humides : le martin pêcheur et la bergeronnette des ruisseaux utilisent par expemple les cavités des berges de rivières pour y construire leur nid. D’autre passeraux sont particulièrement inféodés à la végétation particulière de ces écosystèmes : c’est le cas de la rousserolle effarvate, du phragmite des joncs ou encore du bruant des roseaux.
La ripisylve abrite un grand nombre d’oiseaux qui profitent de la présence des arbres, comme la Sittelle torchepot (Sitta europaea), la Mésange bleue (Parus caeruleus), la Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla), le Pic vert (Picus viridis). Le Tarin des Aulnes est un petit passeraux dont la présence est lié, comme son nom l’indique, à l’Aulne, espèce caractéristique des berges : il possède un bec dont la forme est parfaitement adaptée à la recherche des graines de l’aulne dans les strobiles.
Les Mammifères
Tous les mammifères, à des degrés divers, ont besoin de l’eau pour vivre. Pour certain, elle constitue un élément permanent, vital, puisque toutes leurs activités biologiques s’y déroulent. Parmi ceux qui fréquentent nos rivières, on retrouve le castor, animal rongeur, qui se nourrit essentiellement de branchages et de bois. Il est connu pour sa queue plate qui lui est surtout utile pour se déplacer dans l’eau. S’il est difficile à observer, il laisse des indices de sa présence qui ne laisse aucun doute : des morceaux de bois taillés comme des crayons.
Le ragondin et le rat musqué sont également deux espèces introduites et envahissantes qui vivent dans nos rivières.
Enfin, bien que non aquatiques, de nombreuses espèces de chauve-souris se nourrissent d’insectes aquatiques et s’abritent dans les arbres de la ripisylve et notamment les arbres à cavités ou les arbres morts.
Les insectes aquatiques
Ces petits animaux sont présents partout, colonisent chaque milieu, et représentent à eux seul les 2/3 du règne animal, et même peut-être plus ! Si l’on connait aujourd’hui environ 1 millions d’espèces, il pourrait y en avoir 30 fois plus. En eau douce, leur diversité et leur nombre surpassent de 12 fois celle des autres animaux y habitant, dont les poissons, les amphibiens et les crustacées.
Rôles écologiques
Les larves filtrent l’eau et décomposent la matière organique. Elles sont à la base de la chaîne alimentaire et soutiennent une grande diversité d’animaux aquatiques en leur servant de nourriture. Plusieurs adultes sont prédateurs d’autres insectes.
Leur présence est un bon indicateur de la santé de leur milieu de vie : dans la rivière, chaque organisme possède des exigences particulières (oxygénation, nature du lit, températures…). Confrontés à une pollution ponctuelle ou chronique, certaines espèces animales vont disparaître, d’autres se développer. En fonction de leur présence/absence, on peut donc déterminer la qualité de l’eau, y compris des pollutions dont on ne retrouverait plus de trace chimique. La détermination des espèces de macro-invertébrés des cours d’eau sert d’ailleurs de base à une méthode d’évaluation de la qualité appelée IBGN (Indices Biologique Global Normalisé). Ces organismes sont appelés des bio-indicateurs, les sentinelles de la rivière.
La moitié de sa vie sous l’eau
Chez plusieurs espèces d’insectes aquatiques, les œufs, les larves et souvent les nymphes se développent uniquement dans l’eau. Chez ces espèces, les nymphes sortent de l’eau pour permettre aux adultes d’émerger et de s’envoler. L’exploitation de milieux de vie différents diminue la compétition, entre juvéniles et adultes. Ainsi, les libellules adultes sont des prédateurs terrestres et ne chassent pas les mêmes proies que leur progéniture aquatique. D’autres tels que les éphémères et les corydales, accumulent de l’énergie aux stades larvaires. Devenus adultes, ils ne se nourrissent pas et ne font que se reproduire, sur terre !